EDG : Déjà 3 milliards de dollars injectés
Le ministre de l’Energie Taliby Sylla doit des explications aux guinéens !
Le bras de fer entre l’un des plus riches ministres du gouvernement Taliby Sylla, ministre de l’Energie et les travailleurs de Électricité de Guinée (EDG) prend une tournure extrêmement grave.
Conakry va bientôt reprendre un très vieux souvenir: Les coupures de courant dans les foyers.
En effet, les travailleurs de EDG très en colère contre leurs patrons et le ministre de l’Energie Taliby Sylla entament une grève à partir du mercredi 15 janvier 2020 sur toute l’étendue du pays afin de paralyser tout le secteur. Une série de coupure de courant est envisagée sur les lignes de EDG tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays.
Les raisons évoquées par les grévistes sont visiblement fondées à vue d’œil.
En effet, les conditions de travail à l’entreprise sont les plus exécrables et pitoyables.
« La situation salariale des employés ne s’améliore point. La prise en charge en cas d’accident de travail n’est pas totalement assurée. Nous avons plusieurs victimes d’accident de travail couchés et abandonnés chez eux. On n’espère pas voir notre situation s’améliorer », se plaignent bon nombre d’ouvriers sur le terrain.
C’est après plusieurs tentatives de négociation avec la direction de EDG et le ministère de tutelle, qui se sont toutes soldées par des échecs, que le syndicat des travailleurs de Electricité de Guinée (EDG) compte déclencher un mouvement de grève généralisée pour se faire entendre.
« C’est une série de grève que nous allons déclencher à partir du 15 janvier 2020 pour alerter les plus hautes autorités du pays sur la mauvaise gestion de notre secteur », se lamentaient ce matin du 10 janvier des ouvriers contractuels devant le siège de l’entreprise sis à la Cité Chemins de fer.
En réalité, cette grève risque de faire mal, très mal à un moment où le FNDC ( Front National pour La Défense de la Constitution) organise des marches dans le pays pour s’opposer à une révision de la Constitution.
Ce mouvement de contestation à EDG risque également de faire mal à un moment où la grande période d’étiage est annoncée dans le secteur avec la rotation du courant dans les quartiers de Conakry et de certaines villes de la Basse-côte et de la Moyenne-Guinée, connectées au réseau de EDG.
Déjà à Conakry, plusieurs secteurs d’activité sont paralysés, notamment des industries de production de Ciment (telles que CIMAF, CIMENT de Guinée), de Farine (Les Grands Moulins de Guinée, SONOKO), de peinture (TOPAZ), etc.
Et pourtant, Dieu seul sait que l’Etat Guinéen a mobilisé auprès de ses partenaires chinois de très grosses sommes pour la réalisation des barrages de Kaleta et Souapiti. Mais jusqu’à présent, le courant est un luxe pour le citoyen lamda.
Mieux des barrages déjà existants tels que Garafiri et Donkeya ont également bénéficié des subventions de l’état pour la réhabilitation des deux infrastructures.
Au total, c’est un montant, tenez vous bien, d’un peu plus de 3 millards de dollars qui ont été mobilisés par l’Etat et mis à la disposition de EDG à travers le ministère de l’Energie dirigé depuis 2015 par monsieur Taliby Sylla.
Le ministre de l’Energie ne doit-il pas des explications aux guinéens ?
Jamais, depuis l’indépendance de la Guinée, un gouvernement guinéen n’a dégagé autant d’argent dans le secteur d’électricité de Guinée.
Peut-on croire que tous ces fonds ont été engloutis dans la fourniture du courant ?
Selon de maints spécialistes du secteur, approchés ces derniers temps, le plus grand barrage hydroélectrique sur le continent africain, en construction sur le fleuve Nil, qui prend sa source en Éthiopie, avec une capacité de 5 mille mégawatts, ne coûte pas à l’Etat éthiopien un milliard de dollars.
Alors que les deux barrages de Guinée, c’est à dire Kaleta et Souapiti réunis coûtent plus de 1 milliard 500 millions de dollars au gouvernement guinéen.
Depuis peu, les langues se délient dans le secteur énergétique guinéen et de nombreux observateurs avisés pensent qu’il est temps, grand temps de demander des comptes au ministre de l’Energie Taliby Sylla qui a géré la construction du barrage Kaleta (240 mégawatts) et celui en cours de finition Souapiti (550 mégawatts)
En réalité, avec tous ces fonds cités haut, le guinéen ne devrait plus souffrir pour avoir le courant à domicile. Les coupures de courant devraient être un lointain souvenir. Mais hélas, on retombe dans les ténèbres comme à l’époque du feu GI Lansana Conté, où le courant était une denrée rare.
Le professeur Alpha Condé qui a été saisi par le mouvement de grève annoncé à EDG, doit aller à l’écoute des travailleurs, ces miséreux qui dénoncent l’un des plus gros scandales financiers jamais opérés dans un secteur de l’Etat en Guinée.
Nous y reviendrons.
Marcel Loua