« La loyauté n’est qu’une chimère dans les pays où la corruption fait rage » ! Le troisième (sera-t-il le dernier ?) Premier ministre d’Alpha Condé (après Mohamed Saïd Fofana et Mamady Youla) reproche à la Ministre du Plan et du Développement économique de ne lui avoir pas été loyale, alors que cette dernière a porté à la connaissance du chef de l’Etat les manœuvres de son Chef de Gouvernement qui lui permettraient de piquer plus de quarante millions de dollars sur un seul secteur du plan de riposte contre le coronavirus.
« Là où la corruption règne, est suspect celui qui ne vole pas » ! Kassory Fofana et Mama Kanny Diallo sont deux personnalités que tout oppose ! Elle est une fonctionnaire internationale qui a quitté la Banque africaine de développement pour venir aider son ex-mari devenu président, à la demande de ce dernier. Lui, un ambitieux homme politique, moulé dans le système Lansana Conté, et qui tient à accéder à la fonction suprême du pays par des subterfuges. C’est un ancien opposant qui déculottait la gouvernance, en n’hésitant pas de descendre dans les caniveaux pour salir la plus noble des initiatives présidentielles. Son appel à rejoindre la gouvernance a essentiellement été dicté par le besoin de fermer une gueule. Et, lui a accepté pour la nécessité de payer des dettes, créditer ses comptes et placer ses hommes dans le système. « Cher ami, je suis de cœur avec vous ! Mais, vois-tu ? Je ne peux pas rester là et entretenir tous ceux qui me suivent avec des promesses. J’ai besoin d’argent, de beaucoup d’argent et tout de suite pour tenir ici. Sinon, je risque de quitter le pays ou perdre ceux qui me suivent », aurait confié Kassory Fofana au moment de quitter l’opposition républicaine pour le camp présidentiel !
Kassory Fofana, un supposé ou réel prédateur économique
Successivement directeur des investissements publics, directeur général de l’Administration et du contrôle des grands projets (ACGP), puis tout puissant ministre de l’économie et des finances, Kassory Fofana a connu une disqualification qui l’a poussé à prendre le chemin de l’exil et à se remettre sur les bancs aux Etats-Unis, tout en gardant un œil sur la Guinée comme un félin sur sa proie !
Comme beaucoup d’autres, Kassory apparaît aux yeux de certains guinéens, particulièrement ceux de sa communauté, la Basse Guinée, comme celui qui a trahi le généreux Général Lansana Conté dont il était pourtant le chouchou.
C’est un secret de polichinelle, Kassory est un affairiste qui tient et entretient par des espèces sonnantes et trébuchantes de nombreux courtisans, des communicants et hommes de médias dans le secret espoir de franchir le dernier palier qui lui permettrait de poser ses valises à Sékhoutouéya. Pour y parvenir, il place ses hommes de main dans tous les secteurs clés de l’administration publique et privée qui mobilisent des fonds de campagne pour celui qui rêve de succéder à Alpha Condé. Les impôts, les mines et dernièrement le scanner du port autonome de Conakry dont la gestion a été retirée à la marine marchande.
Ce n’est pas tout ! Au sein du Gouvernement et parmi les hauts perchés, Kassory a placé ses hommes et femmes. Parmi lesquels il y a sa belle-sœur, Djéné Kéita qui trône au juteux ministère de la Coopération internationale. Mieux encore, il a placé le jeune frère de celle-là, Ibrahima Sory Keita, dit MAO à la Primature comme conseiller.
Enfin, depuis ses premiers pas au sein de l’appareil d’Etat, Don Kass a su impressionner par la puissance de l’argent et des réseaux intéressés. Aujourd’hui, plus que le président de la République, le Premier ministre est devenu intouchable ! Des chiens de garde dressés au milieu des communicants et journalistes de tout acabit se déchaînent sur l’auteur du moindre message qui ne caresse le manitou dans le sens du poil. Ce qui est aux antipodes de l’ancienne épouse du Professeur Alpha Condé, qui mène sa vie sans faire attention aux ragots qu’on raconte à son sujet.
Une amazone de la gestion cartésienne
Mama Kanny Diallo a passé toute sa vie professionnelle à la banque africaine de développement dont elle connaît tous les rouages pour avoir occupé des postes stratégiques de la première institution financière du continent. Elle peut donc mettre plus de deux fers au feu et marquer royalement son territoire même face à un Premier ministre porté par l’accumulation excessive des biens matériels et financiers pour lui et pour un réseau de vautours qui assombrissent le ciel guinéen depuis son arrivée à la Primature.
Mais, en réalité, doit-on reprocher à Mama Kanny d’être vent debout contre ce qui apparaît à ses yeux comme étant une humiliation pour son pays devant les institutions financières internationales comme la banque mondiale dont elle maîtrise les règles de fonctionnement ? Surtout quand on sait que de par ce qui la lie au président de la République, l’échec de ce dernier est à ses yeux son propre échec, contrairement à beaucoup d’autres qui meublent aujourd’hui l’attelage gouvernemental et les structures auxiliaires dont la grande préoccupation est de se faire plein les poches. D’ailleurs, c’est à cause de cette amitié intime et ce devoir noble d’ancienne épouse que Mama Kanny se met en position d’avant-gardiste contre tous ceux qui de par leurs positions et fonctions sapent la gouvernance du Professeur-Président.
L’air d’une fin de règne ?
Depuis des lustres, les clans se sont constitués et ne se font aucun cadeau tant au niveau du parti que de l’appareil d’Etat. Pendant ce temps, le vieux renard de la politique observe, joue et déjoue les plans sur sa carte accrochée au mur, promet le blanc et donne le noir, en étant dans les cas de figure possible la déterminante en dernière instance.
Bref, avec Alpha Condé et sous son règne, mieux vaut avoir Mama Kanny avec soi que contre soi. Et, Kassory Fofana pourrait l’apprend à ses dépens s’il s’obstine à livrer sa propre ministre à la vindicte de ses vautours. Nous y reviendrons !
Par Nouhou Baldé, administrateur général de Guineematin