L’Algérie ne renoncera pas à la chloroquine”, titre le quotidien El Watan. Comme son voisin marocain et plusieurs pays africains, Alger a décidé d’ignorer les réserves de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le débat autour de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine a été une nouvelle fois relancé après la publication dans la revue scientifique The Lancet, le 22 mai, d’une vaste étude très critique sur ce traitement du Covid-19. Menée sur 96 000 patients, celle-ci conclut – non seulement que ces molécules sont inefficaces – mais pire, qu’elles augmentent le risque d’arythmie cardiaque, et peuvent donc être nocives.

Après des mois de polémique, ces résultats ont conduit l’OMS à suspendre tous les essais cliniques autour de ces médicaments, et plusieurs pays, dont la France, lui ont emboîté le pas.

“Le Maroc n’adhère pas aux résultats”

Mais en Afrique, pas question d’abandonner. En Algérie, un des pays les plus touchés du continent par la pandémie, “le traitement se poursuivra pour le moment”, affirme le professeur Smail Mesbah, infectiologue et membre du Comité scientifique du suivi de l’évolution du Covid-19, interviewé par El Watan, qui poursuit :

La décision de mettre en place ce traitement a été prise par le conseil scientifique depuis le mois de mars et les résultats à ce jour sont satisfaisants pour les patients traités. À ce jour, nous n’avons pas enregistré des effets secondaires ni une surmortalité, tel que c’est décrit dans cette étude prospective publiée dans The Lancet.”

Le Maroc voisin est exactement sur la même ligne. “Sur les 7 556 cas de Covid-19 recensés au Maroc, 4 841 sont guéris en suivant le protocole à la chloroquine”, écrit le journal marocain l’Économiste, soulignant que le pays du Maghreb “n’adhère pas aux conclusions de la revue britannique The Lancet.” Sur la chloroquine, “le feuilleton continue”, conclut-il seulement.

Sénégal, Tchad, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont également annoncé ces dernières heures qu’ils ne changeraient rien pour l’instant à leur protocole. En l’absence de traitement, et alors que les inquiétudes étaient particulièrement vives pour le continent en raison de la faiblesse de son système de santé, de nombreux pays se sont tournés très tôt vers ces molécules. La chloroquine et l’hydroxychloroquine sont très peu chères et bien connues en Afrique : elles ont longtemps servi à traiter le paludisme.

Mépris pour les traitements des pays pauvres

Sans compter que l’iconoclaste professeur Didier Raoult, promoteur de ce traitement, divise moins sur le continent qu’en France. Né au Sénégal, où il a travaillé, il est souvent qualifié “d’Africain” par les médias du continent, alors que beaucoup déplorent un certain mépris à l’égard des traitements soumis par ces pays pauvres.

Le débat s’amplifie donc sur l’utilisation ou non ”de cette molécule dont le prix ne dépasse pas 5 euros” et qui pour certains menace “les intérêts des grandes firmes pharmaceutiques dont les molécules sont aussi à l’essai”, conclut El Watan.

Tant pis pour ces firmes pharmaceutiques et pour l’oms, des vampires qui ne cessent de sucer l’Afrique !

Anna Sylvestre-Treiner