Aliko Danone, première fortune d’Afrique

Portrait du milliardaire peul Aliko Dangote, fondateur et patron du conglomérat nigerian qui porte son nom et première fortune d’Afrique.

Il a fait fortune au Nigéria, mais son rêve va au-delà de son pays. Aliko Dangote :« Nous avons beaucoup de choses à faire. Nous devons libérer l’Afrique économiquement par des Africains. Le seul moyen pour nous de prospérer est que les Africains dirigent eux-mêmes leurs économies. Les étrangers verront ce que nous sommes en train de faire, ensuite ils nous rejoindront. Bien sûr nous ne pouvons pas nous développer seuls, mais nous devons diriger. »

Au cœur des affaires d’Aliko Dangote, il y a le ciment. Simple distributeur au début des années 1980, il a ajouté ensuite la production et fait de son entreprise un véritable conglomérat. Emmanuel Igah, directeur de Phobos international, un cabinet de conseil spécialiste de la géopolitique et du développement de l’Afrique.

« Dangote, c’est quelqu’un qui flaire beaucoup les opportunités. Donc, dans un premier temps, il diversifie son groupe vers l’agro-alimentaire. »

Sucre, farine, riz et ces dernières années, la tomate, afin d’atténuer la dépendance de son pays aux importations chinoises. Et depuis 2013, le milliardaire a lancé un projet d’une raffinerie de pétrole hors norme, d’une capacité de 650 000 barils par jour. Elle devrait être opérationnelle en 2021. Jusqu’ici, les 4 raffineries publiques d’une capacité cumulée de 400 000 barils de produits pétroliers transformés, n’ont jamais réussi à fonctionner de façon continue. Aliko Dangote construit aussi une usine de fertilisants.

Travailleur, l’homme d’affaires de 63 ans aujourd’hui ne s’est pourtant pas fait tout seul

Il travaille beaucoup et dit qu’il n’a pris ni vacances ni week-end pendant 13 ans. Aliko Dangote est le descendant d’une riche famille commerçante de Kano, dans le Nord du pays. Il a lancé ses propres affaires grâce à un prêt d’un oncle. Et il a construit au fil des années un groupe important, grâce à son sens des affaires, mais pas seulement, dit Emmanuel Igah.

« Il n’a jamais fait la politique au Nigeria. Il reste entrepreneur, mais sa stratégie, c’est toujours d’être bien avec le pouvoir politique et la classe politique dans les pays où il s’installe. »

Le milliardaire nigérian est décrit comme quelqu’un de modeste et qui déléguait peu jusqu’à récemment. Il ne possèderait ni villa, ni hôtel particulier hors de son pays. Son crédo est d’investir en Afrique, afin de participer au développement du continent. Le groupe Dangote est ainsi la première entreprise cotée sur la bourse de Lagos.

Mais Aliko Dangote regarde aussi de plus en plus hors de l’Afrique ; il souhaite investir dans la gestion de fortunes aux Etats-Unis, après s’être introduit sur la bourse de Londres. Des opérations faites, pas simplement pour accumuler de l’argent, assure le milliardaire.

« Ce qui me rend heureux, c’est de savoir combien de gens nous aidons grâce à la création d’emplois, en faisant tellement de choses. Je veux m’assurer que le Nigeria soit autosuffisant en matière ferroviaire, en électricité et dans beaucoup d’autres secteurs. »

Tout ne réussit pas à l’homme qui a fait de son groupe un champion continental

Son projet de construire une cimenterie en République démocratique du Congo s’est heurté à l’opposition d’un industriel congolais du secteur. Mais Aliko Dangoté s’est rapproché du marché de Kinshasa en construisant une usine au Congo voisin. Ailleurs sur le continent, il a dû gagner des procès intentés par des concurrents locaux, notamment au Sénégal, ou par une administration, le cas de la Tanzanie. Alors qu’il est protectionniste au Nigéria, il espère que la zone de libre-échange continentale pourra être opérationnelle rapidement.

Le groupe Dangote est présent aujourd’hui dans une dizaine de pays africains. Mais il arrive encore au milliardaire d’être meurtri, lorsqu’il annonce un projet de plusieurs centaines de millions de dollars et que ces interlocuteurs « pensent que c’est une arnaque nigériane ».

Aliko Dangote, première fortune d’Afrique, philanthrope d’abord dans son pays

Le milliardaire a lancé la « fondation Dangote » en 1993. Une fondation qui finance des actions dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’autonomisation et de l’aide aux sinistrés. Le dernier apport d’envergure à sa fondation en 2014, c’est la cession des actions de Dangote Cement pour une valeur d’un milliard 250 millions de dollars. Ses concurrents relèvent sa volonté d’être toujours premier. Il a ainsi réussi à imposer des prix exorbitants pour le ciment au Nigéria, où il réalise des bénéfices record, alors que l’ensemble des filiales de Dangote Cement dans les autres pays sont déficitaires depuis certaines années.

Avec RFI

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