Quel avenir pour le dictateur déchu Alpha Condé après son transfert aux Émirats arabes unis ?

Le dictateur déchu de la Guinée, Alpha Condé, vient de quitter son pays pour suivre des soins médicaux à l’étranger pendant un mois ce lundi 17 janvier. Un départ soigneusement encadré par la junte militaire alors que la justice ouvre une enquête sur les crimes de son régime sanguinaire. C’est vers les Émirats Arabes Unis que l’ancien dirigeant Alpha Condé s’est envolé lundi 17 janvier. On indique qu’il était parti à bord d’un avion privé. « On avait demandé à tous les travailleurs de l’aérogare nationale (près de l’aéroport international) de quitter les lieux. »

La junte avait autorisé vendredi 14 janvier Alpha Condé, 83 ans, à quitter le pays pour des examens médicaux. « En concertation avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le fasciste Alpha Condé est autorisé à aller se faire consulter à l’extérieur pour une période d’un mois. »

Un départ bien maîtrisé et longtemps négocié par la junte alors que l’ancien dirigeant, en résidence surveillée à Conakry depuis septembre 2021, risque de lourdes peines avec la justice guinéenne. Quel sont les modalités de ce départ ? Quel sort attend l’ex-dirigeant à son retour ?

Un départ longtemps négocié, pour un retour certain

La junte est soupçonnée d’avoir retardé son départ. De longues négociations entre la Cédéao et la junte ont eu lieu pour assurer le retour de l’ex-président lorsqu’il serait guéri. Le pouvoir guinéen redoutait deux choses : un aller sans retour et ses possibles agissements contre le pouvoir depuis l’étranger. Mais sera-t-il guéri, lui dont le pronostic vital n’excède pas deux ans, selon les médecins turcs qui l’ont opéré ?

Dans les dernières années de dictateur, Alpha Condé a fait preuve d’autoritarisme, selon les défenseurs des droits humains. Une vive contestation contre un troisième mandat, largement réprimée, fait des centaines de morts civils et de nombreux prisonniers dont certains ont crevé en prison. Malgré l’opposition, Alpha Condé tripatouille la présidentielle d’octobre 2020 pour se cramponner au pouvoir. Des centaines d’arrestations d’opposants suivront.

A la tête du pays pendant près de onze ans, Alpha Condé est renversé le 5 septembre 2021 par le colonel Mamadi Doumbouya et ses hommes pour le bonheur des Guinéens et pour le malheur des fascistes RPG-istes. Il est détenu en secret pendant douze semaines, jusqu’à ce que la junte l’autorise rejoindre son épouse en résidence surveillée dans la banlieue de Conakry.

Le syndicat des dictateurs qui forment la Cédéao exige de la junte sa libération, en plus d’élections à tenir dans six mois. De son côté, le colonel Mamadi Doumbouya se fait investir président de transition. Il promet de rendre le pouvoir aux civils après des élections mais la date reste encore inconnue.

Une autre raison pourrait expliquer les délais liés à son départ : Alpha Condé aurait lui-même rechigné à partir de Guinée pour des raisons politiques. Kabinet Fofana, analyste politique et directeur de l’Association guinéenne de sciences politiques, dément ces affirmations. « Alpha Condé est quelqu’un de très dur de caractère, c’est un dur à cuire. L’éventualité de refuser de partir pouvait être vue comme une forme de capitulation. L’ex-dirigeant se croit encore au pouvoir. »

C’est véritablement son état de santé qui est en jeu. Son médecin l’aurait simplement poussé à rapidement se faire soigner, nous explique Kabinet Fofana. « Ce n’est vraiment pas quelqu’un à qui on imposerait des choses. S’il ne voulait pas y aller, il ne partirait pas. »

Une destination qui s’inspire de la jurisprudence malienne

Différentes pistes sur le choix de destination de l’ex-dirigeant ont fuité. Alpha Condé se fera finalement soigner aux Émirats arabes unies. Selon Kabinet Fofana, « les autorités guinéennes se sont inspirées de la jurisprudence malienne : l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, (ndlr. décédé dimanche 16 janvier), avait aussi été transféré là-bas. »

Alpha Condé a de bonnes relations avec les Émirats arabes unis mais elles ne peuvent pas expliquer le choix de la destination, selon Kabinet Fofana. En effet, les Émirats arabes unis sont en bons termes avec la junte militaire guinéenne. « Ils n’accepteraient pas de ne pas assurer le retour d’Alpha en Guinée. Les risques qu’il n’y retourne pas sont assez faibles. »

D’autant plus que les conditions de départ de l’ex-dirigeant ont été rigoureusement négociées entre la junte et la Cédéao. « Il est parti avec deux gardes du corps des forces spéciales ainsi que son médecin », rappelle Kabinet Fofana. S’il revient donc, Alpha Condé risque de devoir répondre devant la justice.

Des sanctions encore floues pour le dictateur déchu

La justice va justement ordonner l’ouverture d’investigations sur les crimes présumés commis sous la dictature d’Alpha Condé. La période mentionnée couvre celle pendant laquelle il a martyrisé la Guinée (2010-2021) avant d’être renversé par un coup d’État militaire salutaire, dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, actuel président de transition.

Selon Kabinet Fofana, il faut prendre ces affirmations avec des pincettes. « Pour le moment, il n’y pas de décision annoncée relative au jugement d’Alpha Condé. Il n’y a pas eu de cour ou de dossier de justice spécifique à son cas. »

En revanche, la création de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) en décembre dernier pèse sur l’ancien dirigeant. « Cette cour est rétroactive, elle peut étendre ses actions sur les faits qui ont précédé sa mise en place. On comprend bien que la CRIEF pourrait se pencher sur les affaires économiques et financières d’Alpha Condé. » Pour le moment il n’y a pas d’action judiciaire ».

Par ailleurs, c’est aux Emirats Arabes Unis que le dictateur prédateur a planqué son immense fortune. N’est-ce pas pour récupérer ces milliards de dollars délestés à la Guinée qu’il a choisi cette destination ? Rien de plus clair.

Guinee7sur7

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