Presse guinéenne : au secours, un nouveau type de journalisme est né

La Guinée est connue pour la pluralité et le rôle critique de ses médias. Cependant, on connaît moins la crise que traverse la presse guinéenne, du fait de trois facteurs principaux : une crise économique intenable, une corruption endémique et une  professionnalisation inaboutie.

Des conséquences en résultent. Puisque cette presse est devenue une menace, d’autant plus qu’elle facilite les dérives qui remettent en question sa qualité d’antan et affectent sa contribution à la vie démocratique de notre pays. 

La libéralisation des ondes sous le régime Conté semble avoir profité à une nouvelle espèce de journalistes en Guinée : les journalistes alimentaires qui peuplent la majorité des radios privées. Avec des émissions converties en « petits tribunaux ».

Des émissions à forte écoute, il est vrai, que certains arrivistes ont pris d’assaut et font leur beurre au rythme de « dossiers », de menaces et d’intimidation en longueur d’antenne. Les Grandes gueules d’Espace et Mirador de Fim en sont une illustration parfaite. 

« Les Grandes gueules est une émission d’arnaque et d’escroquerie », a dit Aboubacar Diallo en quittant Espace pour lancer, quelques mois plus tard, sa propre radio Fim FM. Une affirmation à prendre très au sérieux dans un pays où ce type d’émission est devenu légion. 

Après leur prestation, qui laisse souvent à désirer, certains animateurs font le tour des bureaux pour racketter et monnayer leurs informations contre de l’argent, en espèce sonnante et trébuchante.

Plus malheureux encore, les oligarques et les hauts cadres de la cité obtempèrent pour éviter d’être cloué au pilori, faisant contre mauvaise fortune bon ❤. 

Dans ce milieu moribond, Aboubacar Diallo -animateur de Mirador- dont la cupidité est autant connue que sa personne, a modernisé la corruption en élargissant le champ d’action à l’élite et aux nantis qui n’ont rien à se reprocher. En l’absence d’informations accablantes sur certains patrons, il se pointe pour demander des emprunts qui, bien entendu, ne seront jamais remboursés. Ainsi, on voit traîner ses reçus partout à Kaloum. Toute une histoire que Mirador et son armée d’animateurs ne vous raconteront pas. Une histoire qui en dit long sur le financement qui a permis l’installation de cette radio du côté de Nongo.

Pour de nombreux analystes, le moment est plus qu’opportun pour la HAC et la justice d’accorder leurs violons afin d’assainir et redorer le blason de cette profession que l’éthique et la déontologie ont quittée. Telle que l’a suggéré récemment le bouillant Charles Wright, procureur général près la Cour d’appel de Conakry.

« Nous allons traîner les journalistes indélicats devant la justice », a-t-il martelé au cours d’une conférence de presse. Allusion à notre con(de)frère Aboubacar Diallo et à la clique de journalistes qu’il symbolise. 

Mariam Kouraya Diallo 

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