Vous avez dit réconciliation ?

À part faire gagner du temps aux gouvernants et en faire perdre à la Guinée, je ne vois pas l’intérêt de ces Assises. Le monde va à la vitesse grand V mais on lambine en Guinée.

Ces assises coûtent 20 milliards, alors même que le peuple ne voit plus la couleur du franc guinéen depuis sept mois ! Les émissaires sur le terrain constatent l’inanité de leur démarche et le disent en privé. À tort ou à raison, en tout cas pour des raisons historiques diverses, les communautés linguistiques sont trop repliées sur elles-mêmes pour que la simple parole puisse les amener à s’accepter et à placer la Guinée au-dessus d’elles.

Par ailleurs, le bien-fondé de ces Assises n’est pas clair. Tout le monde y voit un procédé dilatoire. On ne peut pas se cacher derrière son petit doigt.

À ce compte, les Assises sont budgétivores, mal percues, inappropriées. C’est négatif sur toute la ligne !

Pour réconcilier les Guinéens, la bonne volonté suffit. Eh oui, la simple bonne volonté des gouvernants.

▪︎Une justice indépendante (non instrumentalisée, impartiale et équitable) pour ouvrir les grands dossiers et qui va continuer son long travail sous le prochain président élu.

▪︎L’établissement immédiat et en toute bonne foi d’un cadre de dialogue avec la classe politique ouvert à la Cédéao, à l’Union africaine, à l’Union européenne et à l’Onu.

▪︎La dissolution du CNT (un organe inutile).

▪︎Le rétablissement de la Céni.

▪︎Le choix d’un opérateur électoral en coopération avec les institutions internationales susmentionnées.

▪︎Une délivrance rapide des cartes d’identité biométriques Cédéao aux Guinéens résidents et exilés afin que ce seul document biométrique serve à la fois de carte d’identification sous-régionale (au recto) et de carte électorale nationale (au verso). Ce qui va empêcher les votes multiples et les privations de vote.

▪︎L’établissement d’un fichier électoral sur la base des cartes d’identité biométriques Cédéao et un enrôlement exhaustif des Guinéens de l’intérieur et de la diaspora.

▪︎L’organisation, sous une supervision internationale, d’élections générales, inclusives, transparentes et crédibles avant la fin de l’année 2022 (présidentielle, législatives, communales, élections des chefs de quartier et de district le même jour).

▪︎Remontée électronique des procès-verbaux, publication en temps réel des résultats par les radios et affichage instantané sur les télévisions.

▪︎Donc retour à l’ordre constitutionnel, à la coopération internationale et au développement (levée des sanctions contre la Guinée asphyxiantes pour le peuple) au plus tard en décembre 2022.

C’est la seule voie de réconciliation nationale !

Si les choses se passent autrement, les Guinéens seront plus divisés que jamais, et je n’ose pas en imaginer les conséquences, car les dispositions intérieures chez les individus ont évolué entre 2010 et 2022, vu la catastrophe qui s’est produite dans l’intervalle.

Aujourdhui plus qu’hier, quelques personnes ne peuvent pas se réunir dans un bureau et décider pour toute la Guinée ! Ce serait illégal et catastrophique.

On nous avait promis que les erreurs du passé ne seraient pas répétées. Alors, évitons-les. Que les promesses soient donc tenues, pour l’intérêt de ce pays que nous avons reçu en partage. L’ère « Papa Promesses » est révolue !

Je rappelle, pour la énième fois, cette phrase de Chirac président prononcée à Conakry en 2001 :
« En Afrique, comme partout ailleurs, la violence se nourrit de l’injustice, de l’exclusion et de la mauvaise répartition de la richesse nationale. »

À bon entendeur…

par El Bechir Diallo

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