L’enseignement guinéen au rabais : presque 83% d’échecs au CEP, quelle catastrophe ! (Par El Bechir)

Seulement 17,62 % d’admis au CEP 2022 en Guinée ! Ce résultat reflète d’autant plus la réalité que sous le régime précédent, RFI avait organisé en duplex une émission spéciale sur la baisse de niveau de l’enseignement guinéen, pour en identifier les causes et dégager des voies de solutions. C’était dans la rubrique « 7 milliards de voisins ». L’animatrice Emmanuelle Bastide avait fait intervenir des recteurs, doyens de faculté, professeurs et cadres des ministères de l’Éducation guinéens.

Le mal se révéla tellement profond qu’il en parut quasi incurable. Et pour cause ? Les enseignants sont les premiers à être frappés de déficience. En tout cas, la plupart.

Le fait est qu’en Guinée on oriente les bacheliers les plus nuls vers les ENI ou les facultés menant à l’enseignement. Bien évidemment, leur carence intellectuelle déteint sur les élèves dans toutes les matières.

C’est aussi en Guinée qu’un véritable système de fraude scolaire est mis en place, voire institutionnalisé. On peut acheter le sujet aux évaluations, la note même (sans devoir composer), l’épreuve aux examens nationaux, ou carrément le passage en classe supérieure. Et tout le corps enseignant est dans le réseau. La direction attribue même à chaque enseignant un nombre d’élèves qu’il peut faire passer en classe supérieure quelle que soit leur moyenne générale. Il fixe le montant à payer et ces élèves là peuvent musarder toute l’année scolaire ou rester à la maison.

Pis encore, on peut acheter un faux vrai diplôme universitaire dûment signé.

Les écoles privées payent une forte somme au Service des examens pour obtenir un taux de réussite élevé aux examens nationaux, en faire un fond de commerce et rendre l’établissement plus attractif.

Un jour, un ami m’envoya par Messenger un sujet à traiter, disait-il, pour sa petite amie qui était à ce moment en évaluation dans sa classe. C’était une petite dissertation, un sujet trivial, si jai bonne souvenance. Je lui dis sans ambages que malgré notre amitié je ne participerais jamais à la destruction de l’enseignement guinéen qui n’était déjà plus qu’une charpie. Ayant enseigné dix ans les mathématiques en Europe, je militerais pour que mon propre enfant redouble ou soit ajourné à un examen national s’il n’est pas méritant, fis-je comprendre à mon ami. Enfin, je l’exhortai à refuser désormais catégoriquement ce genre de demande. Ou alors, s’il tenait vraiment à « convaincre » sa jeune copine de ses propres capacités intellectuelles, eh bien qu’il traitât lui-même le sujet. Terminé ! On en resta là malgré ses instances.

Enfin, il faut ajouter la grande misère salariale des enseignants qui les incite à saisir les offres pécuniaires faites par leurs élèves.

Il y a aussi ce que les enseignants appellent sans complexe les « notes sexuellement transmissibles » (NST) – par similitude avec les MST. La fille passe par le canapé pour avoir la note convenue avec le maître ou le professeur. L’initiative peut venir d’elle ou de lui. C’est indifférent. Et il est rare que l’un ou l’autre s’en offusque.

Un ami professeur me confia un jour que l’enseignant est certes pauvre, mais il se fait facilement les belles demoiselles, que c’est un des rares privilèges de son métier. Un autre privilège c’est les opportunités de se constituer un magot plus ou moins important avec les élèves ou les étudiants aux évaluations et à la fin de l’année scolaire ou académique…

On peut déceler tant d’autres anomalies dans l’enseignement et, plus généralement, le système éducatif guinéens que pour leur correction ce n’est pas demain la veille ! Par exemple, seulement 11% du budget national de développement est consacré à l’Éducation. Et encore cette fraction n’est jamais exécutée à moitié depuis 40 ans ! Au Sénégal c’est 25%, soit l’équivalent de 8.493 milliards FG et 36% de tout le budget annuel guinéen…

C’est bien dommage. Car, dit-on, tant vaut l’école, tant vaut la nation !

Par El Bechir Diallo

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