Chronique. Auditez, oui, mais tout le monde ! (Par El Bechir Diallo)

Nous avons un drôle de procureur spécial à la Crief. Il met en détention ceux qu’on lui désigne. Et seulement après il va chercher les preuves, qu’il ne trouve d’ailleurs même pas, sauf dans ses accusations gratuites et dans le fait du prince. Aly Touré c’est Sidy Souleymane Ndiaye bis, qui avait fait son mea culpa. Avec le procureur spécial la procédure marche à nouveau sur la tête…

Accusateur public N°1 en matières économique et financière, qu’il s’intéresse d’abord au CNT, notre fameux Parlement transitoire, qui ne met pas forcément en avant les intérêts du peuple et dont la gestion financière est à ramener en pleine lumière. Il est grand temps, surtout quand cette « Assemblée » apparaît comme une simple chambre d’enregistrement, une caisse de résonance.

Ensuite, ceux qui nous dirigent plus haut (par la force et les armes, puisque le peuple ne les a ni choisis ni mandatés pour quelque mission que ce soit) doivent montrer patte blanche au procureur spécial car ils se font justiciers, réformateurs, « refondateurs », Robin des Bois ou anges blancs…

Avant d’exercer vos titres, montrez-les !

Quel crime avait commis maître Yarie Soumah, ministre de la Justice garde Sceaux, si ce n’était d’avoir demandé tout naturellement et tout légitimement cela ?

Au fait, qui comprend ce qu’ils appellent « refondation de l’État » ? A-t-on jamais expliqué clairement au peuple ce concept par lequel on justifie tout ? À savoir la prise du pouvoir, la tabula rasa de tous les acquis démocratiques (à commencer par la Constitution de 2010 du peuple souverain, puisqu’ils ont officiellement contesté celle de 2020, qui serait une des causes de leur coup de force), la « réhabilitation » d’un homme qui ne fait pas l’unanimité et le silence total sur les atrocités commises sous son régime (tortures à l’électricité de hautes personnalités, diètes noires, pendaisons publiques à travers le pays, fusillades nocturnes massives à caractère politique, nombreuses fosses communes toujours non localisées, élimination physique des élites politiques, intellectuelles et économiques du pays par « complexe de l’autodidacte » – dixit Alpha Condé dans son livre « Guinée, Albanie d’Afrique… » –, gestion personnelle, clanique et catastrophique des rares entreprises publiques, au point qu’après la mort du tyran, elles étaient toutes moribondes et ruineuses pour le nouvel État libéral, qui n’avait d’autre option que de les jeter à la poubelle…), les démolitions sélectives de maisons, l’asphyxie économique de la Guinée, la grande misère à laquelle les Guinéens sont réduits depuis leur arrivée il y a 10 mois – comment supporter cela encore 3 ans ? –, une transition qui vaut presque un mandat présidentiel par sa durée, une juridiction (la Crief) spécialement créée pour abattre et disqualifier les grands leaders politiques en qui plus de 90% des Guinéens placent leur espoir, chose que Alpha même n’a pas fait en rêve, une juridiction qui ne s’intéresse guère aux avoirs des gouvernants actuels pourtant connus de tous depuis le temps du régime alphaïste dont ils étaient un rempart, le fait qu’à chaque manifestation spontanée on tire à balle réelle sur un ou deux jeunes de l’Axe, comme sous le régime renversé…

Expliquez-moi, vous les intelligents, ce qu’ils appellent refondation de l’État. J’ai beau agiter mes méninges, je n’y comprends goutte !

Par El Bechir Diallo

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