Chronique. Le gouvernement à l’assaut des immondices de la capitale (par El Bechir)

Un ministre, éboueur de circonstance sur ordre du Colonel, a déclaré « il faut donner l’exemple au populo ». Du populisme quoi ! Ce dans quoi, avec les improvisations et l’amateurisme, excelle le régime actuel. Mais si la ville est une porcherie, ce n’est pas la faute à la population. Personne ne peut garder ses ordures ménagères chez soi, pas plus que l’organisme ne garde ses urines et ses selles. Les exutoires sont naturels ou contraints et forcés.

Conakry passe pour une des capitales les plus sales du monde. Ça ne date pas d’aujourd’hui. Donc on ne va jeter la pierre à personne.

Une action ponctuelle et spectaculaire ne sert à rien. Elle laissera le problème entier et sera juste une opération politico-médiatique. Soyons un peu responsables.

Aujourd’hui, il suffit de demander à madame le Gouvernneur pourquoi la capitale est toujours si sale, et de plus en plus avec la saison pluvieuse, et ensuite voir si la solution est dans les cordes du gouvernement.

Par exemple, si c’est le carburant qui manque pour faire travailler chaque jour tous les camions poubelles disponibles, eh bien on va estimer et rendre disponible la quantité de carburant qu’il faut pour ramasser et envoyer à la déchetterie les milliers de tonnes d’ordures produites chaque jour par la population et les activités économiques. Voir aussi s’il ne faut pas multiplier les bacs à ordures dans les quartiers et les secteurs, avec une distribution geographique optimale, et aménager de nouvelles déchetteries, l’actuelle étant surchargée et insuffisante.

Tout cela étant prévu et fait, il faudra penser au traitement rationnel des déchets dans les déchetteries pour éviter leur accumulation – un problème supplémentaire qui aggravera celui en amont.

Des entreprises locales ou étrangères spécialisées seraient intéressées par la récupération et le recyclage des déchets de Conakry et par la transformation de cette biomasse importante en compost et en énergie (gaz de ville).

Ainsi d’une calamité (l’excès d’ordures), on ferait une activité d’assainissement de l’environnement, créatrice d’emplois, génératrice de revenus, productrice d’énergie et d’engrais, mais aussi de valeur ajoutée, donc contributrice au PIB.
L’idée, la volonté politique et un appel d’offres international pourraient résoudre en un tournenain notre problème chronique d’insalubrité.

Que les décideurs en matière de salubrité publique apprennent donc à utiliser leur cerveau et pas seulement leur moelle épinière.

Par ailleurs, un cadre ne doit pas seulement penser au profit personnel qu’il peut tirer de son poste mais plus à ce qu’il peut faire pour son pays afin de lui rendre un peu de ce qu’il lui doit.

Par El Bechir Diallo

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