au moins un mort lors d’une manifestation dans la banlieue de Conakry

Au moins deux manifestants sont morts jeudi dans la banlieue de Conakry lors des heurts ayant opposé des groupes de jeunes manifestants et des forces de sécurité guinéennes, malgré l’interdiction de tout rassemblement par la junte au pouvoir.

La coalition d’opposition a par ailleurs fait état de « nombreuses arrestations » et de blessures par balle. Abdoul Karim Bah, l’oncle de la victime, a déclaré que son neveu, un jeune homme de dix-huit ans, avait été abattu dans la banlieue de Hamdallaye et était mort avant de parvenir à l’hôpital. M. Bah a assuré que le jeune homme ne manifestait pas mais travaillait comme chauffeur de taxi-moto quand il a été tué. Cellou Kansala Diallo, vice-maire de Ratoma, dans la banlieue de Conakry, a confirmé le décès. Des quartiers situés le long de la route Le Prince qui traverse la banlieue ont été le théâtre de confrontations répétées entre des groupes mobiles lançant des pierres et dressant des barricades sur la route, et des gendarmes et des policiers tâchant de les disperser à coups de grenades lacrymogènes. Des coups de feu ont été entendus.

Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), collectif de défense des droits qui avait appelé à manifester, « déplore une trentaine de personnes blessées, dont certaines par des tirs à balles réelles, et dénombre aussi de nombreuses arrestations », a-t-il indiqué dans un communiqué jeudi après-midi. Plusieurs journalistes et témoins ont rapporté la présence de soldats dans l’important dispositif sécuritaire, accréditant les informations sur les réseaux sociaux selon lesquelles les autorités avaient fait appel à l’armée. Le recours à l’armée est « une situation préoccupante pour nous dans la mesure où nous ne comprenons pas ce qui peut justifier une telle décision », a dit le porte-parole de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme (OGDH), Alseny Sall. Un correspondant de l’AFP a dit avoir été pris à partie et insulté par des soldats, et s’être fait confisquer la carte mémoire de sa caméra. Le FNDC avait appelé à une marche pour réclamer la libération de trois de ses responsables et de tous les autres prisonniers détenus pour des raisons selon lui politiques, ainsi qu’un retour rapide des civils au pouvoir.

Les principaux partis, quasiment réduits à l’inaction, avaient appelé à la mobilisation. La Guinée est dirigée depuis septembre 2021 par une junte qui a pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021, à la faveur d’un des putschs qu’a connus l’Afrique de l’Ouest depuis août 2020. La junte interdit toute manifestation depuis 2022. Elle a aussi prononcé la dissolution du FNDC. Les militaires conduits par le colonel Mamadi Doumbouya se sont engagés à céder la place à des civils élus au terme d’une période au cours de laquelle ils disent vouloir mener de profondes réformes. Ils ont consenti sous la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à limiter cette période transitoire à deux ans à partir de janvier 2023. L’opposition accuse la junte de confisquer le pouvoir et de faire taire toute voix discordante à coup d’arrestations de leaders politiques ou de la société civile, et d’enquêtes judiciaires. Les grands partis refusent le dialogue avec la junte sur le contenu de la période dite de transition dans les conditions fixées par les autorités.

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